Les vertus cachées de la testostérone
Deux travaux récents montrent que l'hormone mâle pourrait aider à traiter la sclérose en plaques et aussi qu'elle favorise les comportements sociaux.
C'est l'hormone masculine par excellence. La testostérone donne des muscles, de l'assurance et sa fertilité à l'homme. Sécrétée par les testicules (et en faible quantité par les ovaires chez la femme) ainsi que par les glandes surrénales dans les deux sexes, cette hormone a d'autres facultés – étonnantes – que des recherches récentes ont mises en évidence.
D'abord, contrairement à une croyance populaire bien ancrée, cette hormone ne ferait pas qu'augmenter les comportements agressifs et antisociaux chez l'homme. Les travaux de chercheurs français et américains indiquent qu'elle favorise également les attitudes qui aident à maintenir ou à améliorer son statut social. Dans la revue de l'Académie américaine des sciences (PNAS), ils relatent une expérience qui a consisté à injecter cette hormone (ou un placebo) à de jeunes hommes. « Les participants jouaient à une version modifiée du jeu de l'ultimatum, dans laquelle, après avoir accepté ou rejeté une offre de partage d'argent de différents proposants, ils avaient l'opportunité de punir ou de récompenser ces derniers », précise le communiqué du CNRS. Résultat : les individus ayant reçu de la testostérone punissaient plus les auteurs d'offres injustes, preuve qu'elle potentialise les réponses agressives aux provocations. En revanche, quand les offres étaient généreuses, les participants attribuaient une meilleure récompense. L'hormone « mâle » pousserait donc les hommes à agir avec discernement !
Comment réparer la myéline
Le travail publié hier, aussi dans les PNAS, a été réalisé chez la souris, mais il apporte d'autres informations sur la testostérone et son éventuelle capacité à réparer les fibres nerveuses, plus exactement la myéline qui les gaine et qui permet la transmission rapide de l'information entre le cerveau ou la moelle épinière et le reste du corps. Cette substance est parfois détruite, chez les malades souffrant de sclérose en plaques ou après une blessure. Certes, il existe un mécanisme de réparation, mais il n'est pas systématique. Une équipe de recherche française a voulu comprendre pourquoi. Et c'est ainsi qu'a été découvert le rôle « essentiel et inattendu » de la testostérone et de son récepteur.
Chez la souris, l'absence de testicules perturbe le processus de réparation spontanée de la myéline. Les chercheurs l'expliquent par le fait que la maturation des cellules spécialisées dans la synthèse de la myéline (les oligodendrocytes) est alors défectueuse. Mais pourquoi la testostérone ? La réponse se trouve dans les origines de cette hormone : le récepteur qui permet à la testostérone d'agir est apparu au même moment que la myéline, donc très tard dans l'évolution des vertébrés gnathostomes (avec une mâchoire), ce qui expliquerait « leur lien très fort dans le processus de myélinisation ».
« C'est aussi peut-être l'une des raisons pour lesquelles l'évolution des maladies démyélinisantes telles que la sclérose en plaques diffère souvent chez les hommes et chez les femmes », ajoute Élisabeth Traiffort, directrice de recherche à l'. La chercheuse conclut sur une notre optimiste : « Nos résultats ouvrent la voie à de nouvelles perspectives thérapeutiques et pourraient également être bénéfiques pour la recherche sur les maladies psychiatriques ou du vieillissement cognitif. »
Équipe Myélinisation et réparation de la myéline, de l'unité 1195, Petites molécules de neuroprotection, neurorégénération et remyélinisation, université Paris-Sud
Deux travaux récents montrent que l'hormone mâle pourrait aider à traiter la sclérose en plaques et aussi qu'elle favorise les comportements sociaux.
C'est l'hormone masculine par excellence. La testostérone donne des muscles, de l'assurance et sa fertilité à l'homme. Sécrétée par les testicules (et en faible quantité par les ovaires chez la femme) ainsi que par les glandes surrénales dans les deux sexes, cette hormone a d'autres facultés – étonnantes – que des recherches récentes ont mises en évidence.
D'abord, contrairement à une croyance populaire bien ancrée, cette hormone ne ferait pas qu'augmenter les comportements agressifs et antisociaux chez l'homme. Les travaux de chercheurs français et américains indiquent qu'elle favorise également les attitudes qui aident à maintenir ou à améliorer son statut social. Dans la revue de l'Académie américaine des sciences (PNAS), ils relatent une expérience qui a consisté à injecter cette hormone (ou un placebo) à de jeunes hommes. « Les participants jouaient à une version modifiée du jeu de l'ultimatum, dans laquelle, après avoir accepté ou rejeté une offre de partage d'argent de différents proposants, ils avaient l'opportunité de punir ou de récompenser ces derniers », précise le communiqué du CNRS. Résultat : les individus ayant reçu de la testostérone punissaient plus les auteurs d'offres injustes, preuve qu'elle potentialise les réponses agressives aux provocations. En revanche, quand les offres étaient généreuses, les participants attribuaient une meilleure récompense. L'hormone « mâle » pousserait donc les hommes à agir avec discernement !
Comment réparer la myéline
Le travail publié hier, aussi dans les PNAS, a été réalisé chez la souris, mais il apporte d'autres informations sur la testostérone et son éventuelle capacité à réparer les fibres nerveuses, plus exactement la myéline qui les gaine et qui permet la transmission rapide de l'information entre le cerveau ou la moelle épinière et le reste du corps. Cette substance est parfois détruite, chez les malades souffrant de sclérose en plaques ou après une blessure. Certes, il existe un mécanisme de réparation, mais il n'est pas systématique. Une équipe de recherche française a voulu comprendre pourquoi. Et c'est ainsi qu'a été découvert le rôle « essentiel et inattendu » de la testostérone et de son récepteur.
Chez la souris, l'absence de testicules perturbe le processus de réparation spontanée de la myéline. Les chercheurs l'expliquent par le fait que la maturation des cellules spécialisées dans la synthèse de la myéline (les oligodendrocytes) est alors défectueuse. Mais pourquoi la testostérone ? La réponse se trouve dans les origines de cette hormone : le récepteur qui permet à la testostérone d'agir est apparu au même moment que la myéline, donc très tard dans l'évolution des vertébrés gnathostomes (avec une mâchoire), ce qui expliquerait « leur lien très fort dans le processus de myélinisation ».
« C'est aussi peut-être l'une des raisons pour lesquelles l'évolution des maladies démyélinisantes telles que la sclérose en plaques diffère souvent chez les hommes et chez les femmes », ajoute Élisabeth Traiffort, directrice de recherche à l'. La chercheuse conclut sur une notre optimiste : « Nos résultats ouvrent la voie à de nouvelles perspectives thérapeutiques et pourraient également être bénéfiques pour la recherche sur les maladies psychiatriques ou du vieillissement cognitif. »
Équipe Myélinisation et réparation de la myéline, de l'unité 1195, Petites molécules de neuroprotection, neurorégénération et remyélinisation, université Paris-Sud