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L'AICAR, une pilule miracle pour le sport ?
Par Stéphane Desmichelle
Dans la série des pilules miracles, voici l’AICAR, censé renforcer les muscles sans faire d’effort et en gardant la ligne. Avec le revers de la médaille, bien sûr.
Courir deux fois plus longtemps sans effort
Véritablement révélée avec les JO de Pékin en 2008, la molécule ne date pourtant pas d’hier. En fait, quelques jours avant les Jeux, la revue Cell publie les résultats du Pr Evans montrant les effets spectaculaires de cette molécule sur l’endurance musculaire : des souris dopées à l’AICAR courent 44 % plus longtemps que leurs congénères et, en plus, sans grossir. De quoi faire rêver certains en quête de performance sportive… C’est donc assez logiquement que la pilule fait un tabac alors qu’aucun kit de détection n’est encore prêt.
Plus d’endurance, moins de fatigue
Connue depuis 1956 par la communauté médicale pour ses propriétés cardioprotectrices, l’AICAR n’est pas commercialisée à ce jour. Son nom est l’acronyme, en plus digeste, de « 5-amino-4-imidazolecarboxamide ribonucléoside ». Elle permet d’activer et de stimuler les fibres musculaires spécifiquement liées aux efforts d’endurance et de diminuer la fatigue. En clair, une plus grande capacité à l’effort sans rien faire.
AICAR + GW50 15 16 = un cocktail explosif !
En pratique, l’AICAR s’utilise combinée avec le GW50 15 16, molécule expérimenté par le laboratoire GSK notamment dans le traitement du diabète de type 2 et l’hypertension artérielle. Un cocktail explosif, apparamment. Le Dr Patrick Bacquaert, médecin chef de l’institut de recherche en bien-être, médecine et sport santé (IRBMS), explique « on ne sait même pas si l’AICAR suffit à elle seule. Elle stimule et rend plus endurantes seulement les fibres musculaires cardiaques alors que le GW50 1516, encore plus dangereux, agit, lui, sur l’ensemble des cellules musculaires du corps humain ».
Jusqu’à la mort par épuisement musculaire…
Bien que cette molécule soit naturellement présente dans l’organisme, son accumulation est associée à des maladies génétiques rares et sa toxicité n’est pas encore complètement élucidée. Patrick Bacquaert souligne que « chaque substance qui apporte un effet non naturel sur l’organisme est dangereuse. L’organisme n’a plus conscience de ses limites. Avec des molécules artificielles, les systèmes d'adaptation de l'organisme ne sont pas sollicités, le système hormonal peut être perturbé. Il n’y a donc pas d’alerte physiologique et les conséquences peuvent être dramatiques, comme la mort par épuisement musculaire ».
DÉTECTION. L’AICAR a été rajouté sur la liste des produits interdits par l’agence mondiale anti-dopage (AMA) en 2009, en (et hors) compétition. Mais la molécule est difficilement détectable. « De toute façon, aucun test de détection n’est fiable à 100 % », précise Patrick Bacquaert.
Stéphane Desmichelle, Sciences et Avenir, 31/07/13
Par Stéphane Desmichelle
Dans la série des pilules miracles, voici l’AICAR, censé renforcer les muscles sans faire d’effort et en gardant la ligne. Avec le revers de la médaille, bien sûr.
Courir deux fois plus longtemps sans effort
Véritablement révélée avec les JO de Pékin en 2008, la molécule ne date pourtant pas d’hier. En fait, quelques jours avant les Jeux, la revue Cell publie les résultats du Pr Evans montrant les effets spectaculaires de cette molécule sur l’endurance musculaire : des souris dopées à l’AICAR courent 44 % plus longtemps que leurs congénères et, en plus, sans grossir. De quoi faire rêver certains en quête de performance sportive… C’est donc assez logiquement que la pilule fait un tabac alors qu’aucun kit de détection n’est encore prêt.
Plus d’endurance, moins de fatigue
Connue depuis 1956 par la communauté médicale pour ses propriétés cardioprotectrices, l’AICAR n’est pas commercialisée à ce jour. Son nom est l’acronyme, en plus digeste, de « 5-amino-4-imidazolecarboxamide ribonucléoside ». Elle permet d’activer et de stimuler les fibres musculaires spécifiquement liées aux efforts d’endurance et de diminuer la fatigue. En clair, une plus grande capacité à l’effort sans rien faire.
AICAR + GW50 15 16 = un cocktail explosif !
En pratique, l’AICAR s’utilise combinée avec le GW50 15 16, molécule expérimenté par le laboratoire GSK notamment dans le traitement du diabète de type 2 et l’hypertension artérielle. Un cocktail explosif, apparamment. Le Dr Patrick Bacquaert, médecin chef de l’institut de recherche en bien-être, médecine et sport santé (IRBMS), explique « on ne sait même pas si l’AICAR suffit à elle seule. Elle stimule et rend plus endurantes seulement les fibres musculaires cardiaques alors que le GW50 1516, encore plus dangereux, agit, lui, sur l’ensemble des cellules musculaires du corps humain ».
Jusqu’à la mort par épuisement musculaire…
Bien que cette molécule soit naturellement présente dans l’organisme, son accumulation est associée à des maladies génétiques rares et sa toxicité n’est pas encore complètement élucidée. Patrick Bacquaert souligne que « chaque substance qui apporte un effet non naturel sur l’organisme est dangereuse. L’organisme n’a plus conscience de ses limites. Avec des molécules artificielles, les systèmes d'adaptation de l'organisme ne sont pas sollicités, le système hormonal peut être perturbé. Il n’y a donc pas d’alerte physiologique et les conséquences peuvent être dramatiques, comme la mort par épuisement musculaire ».
DÉTECTION. L’AICAR a été rajouté sur la liste des produits interdits par l’agence mondiale anti-dopage (AMA) en 2009, en (et hors) compétition. Mais la molécule est difficilement détectable. « De toute façon, aucun test de détection n’est fiable à 100 % », précise Patrick Bacquaert.
Stéphane Desmichelle, Sciences et Avenir, 31/07/13