Dr. Michael Scally est un expert médical de la thérapie de remplacement de testostérone (TRT) et des effets secondaires des stéroïdes anabolisants. Il est disponible pour des consultations téléphoniques. Il est joignable par e-mail : mscally@hptaxis.com. Je le recommande à tous ceux qui se soucient de leur corps et de leur santé car il est vraiment l’un des meilleurs experts mondiaux sur les androgènes.
La première partie de l’interview est disponible ici.
NV: Est-ce qu’une personne qui suit une thérapie de remplacement de la testostérone peut devenir moins fertile? Si un homme souhaite féconder son épouse après disons, un an de thérapie de remplacement de la testostérone, y a-t-il un risque que cet homme soit devenu moins fertile ?
MS: La taille et la consistance des testicules diminuent souvent, et les hommes doivent être informés que la fécondité peut être très compromise au cours de la thérapie de remplacement de testostérone en raison de la régulation négative de la LH et de la FSH.
En règle générale ils deviennent moins fertiles. Mais vous ne pouvez pas l’utiliser comme un produit contraceptif. Nos études sur la contraception nous le démontrent. Nous avons un grand nombre d’études qui utilisent des contraceptifs de testostérone Cypionate à 200 mg par semaine et qui constatent que cela diminue la fertilité. Mais il existe encore un certain nombre d’hommes qui continue à produire des spermatozoïdes fertiles.
NV: Ces hommes seraient-ils de bons candidats pour un protocole de réinitialisation de leur HPGA (NdT : Axe Hypothalamo-hypophyso-gonadique) ?
MS: Beaucoup d’hommes qui nous consultent utilisaient des stéroïdes anabolisants, ou de la testostérone, et veulent maintenant fertiliser leur épouse. Bien que nombreux sont ceux qui reviennent à la normale après l’arrêt de la TRT, cette période peut être longue.
Le plus étonnant, c’est que le nombre de personnes qui viennent à moi après avoir consulté un médecin. Des consommateurs de stéroïdes anabolisants, de testostérone, avec ou sans combinaison de stéroïdes anabolisants, en vente libre ou sur ordonnance, qui ont un problème d’infertilité, et dont le médecin ne sait pas quoi faire. De plus, ils ont tous les problèmes psychologiques et les effets secondaires de l’hypogonadisme induit par les stéroïdes anabolisants. Le protocole HPGA leur a permis de retrouver la fertilité et de réduire considérablement le temps du retour à la normale.
NV: Pouvez-vous nous en dire plus sur la réinitialisation de l’HPGA?
MS : Le mot réinitialisation est un terme qui ne convient pas, bien que des études récentes publiées dans le New England Journal of Medicine (NEJM) indiquent le contraire. En 2007, le NEJM a fait un rapport sur la réinitialisation de l’HPGA après une TRT sur le déclanchement de l’hypogonadisme idiopathique de l’adulte. Il s’agit du premier rapport démontrant la plasticité de l’HPGA à l’âge adulte. Le terme que je préfère est la fonctionnalité et la restauration de l’HPGA.
Il existe des conditions claires en vertu desquelles l’administration d’un traitement de testostérone à vie est nécessaire. Cependant, il existe un nombre croissant d’individus qui suivent une TRT et qui ne souffrent pas de ces troubles. La TRT est de plus en plus prescrite pour l’hypogonadisme tardif. On lui donne beaucoup d’autres noms, y compris l’andropause, le déficit androgénique de l’homme vieillissant, etc.
Nous ne sommes pas certains des conséquences de la baisse des taux sériques de testostérone avec l’âge. Il existe plusieurs parallèles entre les effets du vieillissement et ceux de l’hypogonadisme, ce qui suggère que la baisse des taux sériques de testostérone peut être causée par plusieurs effets du vieillissement. Étant donné que les effets à long terme du traitement androgénique pour l’hypogonadisme tardif ou l’andropause ne sont pas bien connus, j’interromps le traitement sur une base annuelle approximative pour assurer la normalisation/fonctionnalité de l’HPGA. Cela donne au patient la liberté d’arrêter le traitement en cas de besoin.
En d’autres termes, une personne qui consomme de la testostérone pendant une année entière, peut revenir à la normale en 1 ou 2 mois. Une autre personne peut prendre 12 ou 18 mois, voire 3 ans pour revenir à la normale. Les meilleures études que nous avons sur ce sujet sont des études sur la contraception et la testostérone pendant plus d’un an. Le résultat de ces études démontre que cela peut prendre jusqu’à trois ans pour une personne pour revenir à la normale.
Si ces stéroïdes anabolisants ont été pris pour améliorer une composition corporelle, augmenter la masse maigre et réduire la graisse du corps, tout reviendra à la normale après l’arrêt des stéroïdes anabolisants. Mais vous la personne sera également exposée aux effets secondaires de l’hypogonadisme, qui comprennent les effets psychologiques et cardio-vasculaires. Certains de ces effets psychologiques sont la dépression, une diminution des capacités cognitives, l’insomnie, la baisse de la libido et une dysfonction érectile. De plus, l’arrêt s’ajoute la condition de comorbidité de l’hypogonadisme à leur maladie chronique déjà existante.
L’administration des SAA (NdT: Stéroïdes Androgènes et Anabolisants), y compris la testostérone, licites et illicites, induit un état d’hypogonadisme qui se poursuit après leur cessation. Tous les composés considérés comme des androgènes ou des stéroïdes anabolisants provoquent une inhibition négative à l’axe hypothalamo-hypophyso testiculaire, suppriment la sécrétion de gonadotrophine endogène, et par conséquent la testostérone sérique.
Les symptômes de l’hépatite auto-immune (AIH) sont identiques à un hypogonadisme classique. Ce problème pousse souvent à l’arrêt de la testostérone ou des stéroïdes anabolisants. Comme nous l’avons dit, il existe beaucoup de raisons pour arrêter la testostérone, y compris la polyglobulie, la gynécomastie, et d’autres causes telles que la conformité, le coût ou le changement de style de vie.
Au sein de la communauté médicale, concernant les soins à apporter à l’hypogonadisme induit par les stéroïdes anabolisants, la norme est de ne rien faire et d’attendre que l’individu revienne à la normale sans aide. Mais les articles concernant ce sujet démontrent que cela n’est pas le cas.
La prise en compte de l’’AIH est importante dans toute planification d’utilisation des SAA ou d’un composé similaire qui servirait à apporter des changements positifs à la masse musculaire, à la force musculaire, ainsi qu’à la compréhension de ce qu’on appelle la dépendance aux anabolisants stéroïdiens. La compréhension et les traitements qui permettent d’atténuer ou de prévenir l’AIH pourraient contribuer à des thérapies androgènes contre les maladies associées et à l’arrêt de l’utilisation sans ordonnance des SAA.
NV: Quel produit est utilisé pour la restauration de l’axe hormonal?
MS: Une combinaison de trois médicaments. L’utilisation individuelle de l’HCG, du Citrate de Clomifène et du Tamoxifène est bien connue, bien acceptée et testée aux normes dans les revues médicales pour le diagnostic de pathologies sous-jacentes de l’hypogonadisme. Le protocole de l’HPTA utilise les médicaments pour la gonadotrophine chorionique humaine, le Citrate de Clomifène et le Tamoxifène.
La première phase du protocole de l’HPTA examine la fonctionnalité des testicules par l’action directe de l’HCG. L’HCG augmente directement les niveaux d’hormones sexuelles par la stimulation des testicules et diminue ensuite la production et le niveau de gonadotrophine LH. L’augmentation du taux de testostérone sérique à la stimulation de l’HCG est utile pour déterminer si un dysfonctionnement testiculaire primaire est présent.
Cette valeur initiale mesure la capacité des testicules à répondre à une stimulation de l’HCG. La démonstration de la fonctionnalité de l’HPTA est une réponse adéquate des testicules pour bien élever le niveau sérique de T dans la plage normale. Si cela est observé, l’HCG est interrompue. L’échec à une stimulation à l’HCG est indicatif d’une insuffisance testiculaire primaire. En d’autres termes, la première moitié de ce protocole est de déterminer la production et la réserve testiculaire par la stimulation directe avec l’HCG. Si l’on n’obtient pas un niveau de succès adéquat (normal) dans la première moitié du protocole, il y a peu de raison de procéder à la deuxième moitié.
La deuxième phase du protocole de l’HPTA, le Clomifène et la Tamoxifène, examine la capacité de l’axe hypothalamo-hypophyso à répondre à la stimulation par la production de LH à un niveau normal. Le Citrate de Clomifène différencie l’hypogonadisme secondaire. Le Clomiphène est un anti-estrogène ; il diminue l’effet de l’œstrogène dans le corps. Il a un double effet, il stimule la région hypothalamo-hypophysaire et a un effet anti-estrogène, de sorte qu’il diminue l’effet de l’œstrogène dans le corps. La Tamoxifène est un anti-estrogène plus strict ; elle diminue l’effet de l’œstrogène dans le corps, et potentialise l’action du Clomifène. Le Tamoxifène et le Citrate de Clomiphène concurrencent l’œstrogène sur les sites récepteurs d’œstrogène, ce qui élimine l’excès d’œstrogène au niveau de l’hypothalamus et de l’hypophyse, ce qui permet de reprendre la production de gonadotrophine. Les administrer ensemble produit une élévation de LH et des hormones sexuelles gonadiques secondaires. L’administration de Clomifène entraîne une augmentation appropriée des niveaux de LH, ce qui suggère que le contrôle négatif sur l’hypothalamus est intact et que le stockage et la libération des gonadotrophines par l’hypophyse est normal. S’il y avait une stimulation réussie des niveaux testiculaires T par l’HCG, mais une réponse inadéquate ou aucune réponse dans la production de LH, alors le patient a un hypogonadisme hypogonadotrophique secondaire.
En d’autres termes, la seconde moitié du protocole consiste à déterminer la production et la réserve hypothalamo-hypophysique avec le Clomifène et la Tamoxifène. Le type physiologique de l’hypogonadisme hypogonadotrophique – ou secondaire – est caractérisé par un taux anormalement ou normalement faible de la production de gonadotrophine (LH), en réponse au Citrate de Clomifène et à la Tamoxifène. Dans le type fonctionnel de l’hypogonadisme, la stimulation l’HPTA produisant des taux de LH et T à un niveau normal se produit.
Il existe peu de bonnes études sur les stéroïdes anabolisants, qu’elles soient relatives à la période où ils sont consommés ou bien à la période suivant l’arrêt de leur utilisation. Je pense que c’est une chose que devrons observer de plus près à l’avenir. En fait, nous avons l’intention de l’observer dans nos projets d’études cliniques concernant la prévention de l’hypogonadisme induit par les stéroïdes anabolisants.
Article original publié le 1er Septembre 2011 PAR NELSON VERGEL
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