Hormone de croissance, le procès d'un scandale

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Ce devait être le traitement miracle pour les enfants trop petits: 111 d'entre eux sont morts après avoir reçu, entre 1982 et 1986, des injections de produits contaminés. A qui la faute? Au terme d'une instruction fleuve, plusieurs personnalités du monde médical vont être jugées à Paris.
Comment a-t-on pu traiter des enfants avec des hormones de croissance contaminées entre 1982 et 1986? Savait-on qu'ils étaient susceptibles de contracter ainsi la maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ)? Pourquoi n'avoir rien dit aux familles? C'est autour de ces trois questions clefs que devrait tourner, quatre mois durant, le procès prévu le 6 février devant le tribunal correctionnel de Paris

Ces enfants, de petite taille ou atteints de nanisme, s'étaient vu prescrire une hormone de croissance extraite d'hypophyses (une glande située à la base du cerveau) humaines. Ce médicament, considéré à l'époque comme «miracle», devait leur permettre de grandir à peu près normalement. Sauf qu'il était produit dans des conditions douteuses, sans souci des risques de contamination. Certains jeunes en sont morts (111 à ce jour). D'autres se demandent si la MCJ ne couve pas en eux.
Hormone de croissance. Chez l'enfant, le déficit de cette hormone produite dans le cerveau se traduit par une taille inférieure à la moyenne. Aujourd'hui, cette anomalie peut être corrigée par des injections d'hormone de synthèse.
Hypophyse. Cette petite glande située à la base du cerveau produit cinq hormones différentes. Au début des années 1980, on prélevait des hypophyses sur des cadavres pour en extraire l'hormone de croissance.
Maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ). Pathologie cérébrale rare et mortelle, la MCJ se manifeste par des troubles de l'équilibre et des mouvements anormaux. Elle évolue vers la démence. La maladie est due à un agent infectieux particulier, le prion, transmis par l'alimentation (notamment la consommation de «vache folle») ou des injections d'hormone de croissance contaminée.

Ce procès sera avant tout celui d'un mandarinat arc-bouté sur ses certitudes. Erigeant le secret en dogme. Oubliant qu'un patient jouit d'un droit sacré, celui d'être informé sur les conséquences éventuelles des soins qui lui sont administrés. Faute d'avoir respecté cette règle - c'est la thèse de la juge d'instruction Marie-Odile Bertella-Geffroy - une demi-douzaine de personnalités du monde médical sont poursuivies. Parmi elles, le Pr Jean-Claude Job, ex-président de France-Hypophyse, l'association chargée à l'époque de la collecte des hypophyses et du contrôle de l'attribution des hormones. Autre prévenu: Fernand Dray, ancien dirigeant d'Uria, le laboratoire qui, à l'Institut Pasteur, fabriquait l'hormone en question.
Aux côtés de ces deux hommes figurent Jacques Dangoumau, directeur de la Pharmacie et du médicament (1982-1987) au ministère de la Santé, Henri Cerceau, directeur de la pharmacie centrale de l'Assistance publique (1981-1991), et Elisabeth Mugnier, chef de la collecte des hypophyses au sein de France-Hypophyse. Tous sont poursuivis pour tromperie et homicides involontaires. Fernand Dray, aujourd'hui âgé de 87 ans, est en outre soupçonné d'avoir perçu des commissions illégales.

Pour comprendre ce dossier, il faut en fait revenir au début des années 1980. De nombreux médecins prescrivent alors la fameuse hormone, sous forme d'injections. Pour les parents, l'espoir est immense et la confiance absolue: le laboratoire Uria n'est-il pas rattaché au prestigieux Institut Pasteur?

Les hypophyses collectées dans des conditions stupéfiantes
Arnaud Honet, 15 ans, commence à suivre le traitement au début de 1982. Vient ensuite le tour de Christophe Hochedez-Prével (11 ans, 1,31 mètre, 26 kilos), de Gilles Rampnoux (14 ans, 1,43 mètre) et de centaines d'autres. De fait, ils gagnent bien quelques centimètres. Mais à quel prix? Une sommité du monde scientifique, le Pr Luc Montagnier, membre de l'Institut Pasteur, affirme qu'il y a un risque à utiliser ainsi une substance fabriquée de façon artisanale à partir d'hypophyses de cadavres. Il met en garde l'association de Jean-Claude Job contre l'utilisation du cerveau d'une personne morte d'encéphalite aiguë, de tumeur intracrânienne ou de maladie chronique du système nerveux. Mais cet avertissement n'émeut guère Fernand Dray et Jean-Claude Job: ils continuent de fabriquer et de prescrire l'hormone, tout en se gardant de répercuter aux parents les doutes de leur confrère.

A la fin de l'année 1982, l'inquiétude monte d'un cran. Un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) révèle en effet que la collecte d'hypophyses dans les morgues ou les hôpitaux - le plus souvent par des employés qui arrondissent ainsi leurs fins de mois - se fait parfois dans des conditions stupéfiantes. Au CHU de Metz, elles sont extraites des cerveaux à l'aide d'un instrument de fortune créé avec un... tuyau de chauffage central (voir page 100)!

Ici et là, des voix - peu nombreuses - s'élèvent pour réclamer des éclaircissements. Le 12 décembre 1984, le Pr Jacqueline Mikol, chef du service d'anatomie pathologique de l'hôpital Lariboisière, à Paris, écrit en ce sens au Pr Job. Quelques jours plus tard, la réponse fuse, cinglante: «Dans le monde entier, des hypophyses sont collectées sans précaution particulière. [...] Les modes d'extraction de l'hormone éliminent les risques de contamination.» Des familles s'inquiètent, leurs médecins les rassurent. Aucun danger...

Fin 1984, nouvelle alerte. Venue des Etats-Unis, cette fois. En Californie, un jeune homme de 21 ans meurt de la maladie de Creutzfeldt-Jakob après avoir suivi un traitement à l'hormone de croissance extractive dans les années 1970. L'autopsie est formelle: il y a un lien entre la MCJ et l'hormone.
Les registres de distribution ont été volés
Les autorités sanitaires américaines réagissent en interdisant le recours à des hormones d'origine humaine. Quant au laboratoire danois Kabi, il stoppe toute distribution et annonce la mise sur le marché d'une hormone biosynthétique, sans risque. Plusieurs pays (Suède, Finlande, Grèce, Belgique, Pays-Bas, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande) suivent l'exemple américain.

Côté français, Jean-Claude Job et Fernand Dray refusent le pragmatisme américain. Leur position est même confortée par Henri Cerceau et Jacques Dangoumau. Celui-ci, directeur de la Pharmacie et du médicament au ministère de la Santé, adresse, le 7 mai 1985, une note sans équivoque à l'association: «La qualité du système mis au point en France, la nature des produits utilisés, les garanties offertes par leur contrôle, la gravité du handicap traité justifiaient de ne pas interrompre le très remarquable travail réalisé par l'association France-Hypophyse en liaison avec la Pharmacie centrale et la Commission nationale de l'hormone de croissance.»

Le fonctionnaire fait-il preuve d'aveuglement? Veut-il juste éviter un scandale? Une certitude: vers la fin de 1985, certains médecins laissent entendre, mezza voce, que depuis trois ans plusieurs milliers d'ampoules provenant de lots contaminés ont été injectées à des patients, alors qu'elles auraient dû être rappelées.

Il faut pourtant attendre le 2 décembre 1991 pour que la justice entre enfin en jeu. Ce jour-là, un père de famille, Abdelassam Benziane, dépose plainte au nom de son fils de 15 ans, Yliassif. Traité, depuis le 3 janvier 1983, par l'hormone de croissance d'origine humaine, l'adolescent vit un calvaire depuis septembre 1989: il souffre de troubles neurologiques, de tremblements, de vertiges. Une semaine après le dépôt de la plainte, Yliassif s'éteint à Sannois (Val-d'Oise). Mais le processus judiciaire est enclenché. Il ne s'arrêtera pas.

La juge Marie-Odile Bertella-Geffroy instruit ce dossier. A bien des égards, il ressemble à celui du sang contaminé, dont elle est aussi chargée: même indifférence à l'égard des patients; même souci de rentabilité; même morgue de certains mandarins, persuadés de détenir la vérité.

La tâche de la magistrate s'annonce immense. Elle peine d'autant plus à reconstituer le cheminement des lots contaminés entre 1982 et 1986 (la période où le risque a été à son maximum) que les registres de distribution ont été volés! L'ordinateur où figurait le listing des ordonnances destinées aux malades a également disparu. En septembre 1998, Marie-Odile Bertella-Geffroy reçoit une lettre anonyme dans laquelle l'auteur indique que la destruction de pièces n'avait qu'un objectif: «Nuire à la bonne marche de l'enquête!»
Ce devait être le traitement miracle pour les enfants trop petits: 111 d'entre eux sont morts après avoir reçu, entre 1982 et 1986, des injections de produits contaminés. A qui la faute? Au terme d'une instruction fleuve, plusieurs personnalités du monde médical vont être jugées à Paris.
Comment a-t-on pu traiter des enfants avec des hormones de croissance contaminées entre 1982 et 1986? Savait-on qu'ils étaient susceptibles de contracter ainsi la maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ)? Pourquoi n'avoir rien dit aux familles? C'est autour de ces trois questions clefs que devrait tourner, quatre mois durant, le procès prévu le 6 février devant le tribunal correctionnel de Paris.

Sommaire
. Témoignage: la vie en sursis de Toufik Belkhiri
. Collectes meurtrières: des témoignages accablants

Ces enfants, de petite taille ou atteints de nanisme, s'étaient vu prescrire une hormone de croissance extraite d'hypophyses (une glande située à la base du cerveau) humaines. Ce médicament, considéré à l'époque comme «miracle», devait leur permettre de grandir à peu près normalement. Sauf qu'il était produit dans des conditions douteuses, sans souci des risques de contamination. Certains jeunes en sont morts (111 à ce jour). D'autres se demandent si la MCJ ne couve pas en eux.

Mots clefs
Hormone de croissance. Chez l'enfant, le déficit de cette hormone produite dans le cerveau se traduit par une taille inférieure à la moyenne. Aujourd'hui, cette anomalie peut être corrigée par des injections d'hormone de synthèse.
Hypophyse. Cette petite glande située à la base du cerveau produit cinq hormones différentes. Au début des années 1980, on prélevait des hypophyses sur des cadavres pour en extraire l'hormone de croissance.
Maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ). Pathologie cérébrale rare et mortelle, la MCJ se manifeste par des troubles de l'équilibre et des mouvements anormaux. Elle évolue vers la démence. La maladie est due à un agent infectieux particulier, le prion, transmis par l'alimentation (notamment la consommation de «vache folle») ou des injections d'hormone de croissance contaminée.

Ce procès sera avant tout celui d'un mandarinat arc-bouté sur ses certitudes. Erigeant le secret en dogme. Oubliant qu'un patient jouit d'un droit sacré, celui d'être informé sur les conséquences éventuelles des soins qui lui sont administrés. Faute d'avoir respecté cette règle - c'est la thèse de la juge d'instruction Marie-Odile Bertella-Geffroy - une demi-douzaine de personnalités du monde médical sont poursuivies. Parmi elles, le Pr Jean-Claude Job, ex-président de France-Hypophyse, l'association chargée à l'époque de la collecte des hypophyses et du contrôle de l'attribution des hormones. Autre prévenu: Fernand Dray, ancien dirigeant d'Uria, le laboratoire qui, à l'Institut Pasteur, fabriquait l'hormone en question.

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Aux côtés de ces deux hommes figurent Jacques Dangoumau, directeur de la Pharmacie et du médicament (1982-1987) au ministère de la Santé, Henri Cerceau, directeur de la pharmacie centrale de l'Assistance publique (1981-1991), et Elisabeth Mugnier, chef de la collecte des hypophyses au sein de France-Hypophyse. Tous sont poursuivis pour tromperie et homicides involontaires. Fernand Dray, aujourd'hui âgé de 87 ans, est en outre soupçonné d'avoir perçu des commissions illégales.

Pour comprendre ce dossier, il faut en fait revenir au début des années 1980. De nombreux médecins prescrivent alors la fameuse hormone, sous forme d'injections. Pour les parents, l'espoir est immense et la confiance absolue: le laboratoire Uria n'est-il pas rattaché au prestigieux Institut Pasteur?

Les hypophyses collectées dans des conditions stupéfiantes
Arnaud Honet, 15 ans, commence à suivre le traitement au début de 1982. Vient ensuite le tour de Christophe Hochedez-Prével (11 ans, 1,31 mètre, 26 kilos), de Gilles Rampnoux (14 ans, 1,43 mètre) et de centaines d'autres. De fait, ils gagnent bien quelques centimètres. Mais à quel prix? Une sommité du monde scientifique, le Pr Luc Montagnier, membre de l'Institut Pasteur, affirme qu'il y a un risque à utiliser ainsi une substance fabriquée de façon artisanale à partir d'hypophyses de cadavres. Il met en garde l'association de Jean-Claude Job contre l'utilisation du cerveau d'une personne morte d'encéphalite aiguë, de tumeur intracrânienne ou de maladie chronique du système nerveux. Mais cet avertissement n'émeut guère Fernand Dray et Jean-Claude Job: ils continuent de fabriquer et de prescrire l'hormone, tout en se gardant de répercuter aux parents les doutes de leur confrère.

A la fin de l'année 1982, l'inquiétude monte d'un cran. Un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) révèle en effet que la collecte d'hypophyses dans les morgues ou les hôpitaux - le plus souvent par des employés qui arrondissent ainsi leurs fins de mois - se fait parfois dans des conditions stupéfiantes. Au CHU de Metz, elles sont extraites des cerveaux à l'aide d'un instrument de fortune créé avec un... tuyau de chauffage central (voir page 100)!

Ici et là, des voix - peu nombreuses - s'élèvent pour réclamer des éclaircissements. Le 12 décembre 1984, le Pr Jacqueline Mikol, chef du service d'anatomie pathologique de l'hôpital Lariboisière, à Paris, écrit en ce sens au Pr Job. Quelques jours plus tard, la réponse fuse, cinglante: «Dans le monde entier, des hypophyses sont collectées sans précaution particulière. [...] Les modes d'extraction de l'hormone éliminent les risques de contamination.» Des familles s'inquiètent, leurs médecins les rassurent. Aucun danger...

Fin 1984, nouvelle alerte. Venue des Etats-Unis, cette fois. En Californie, un jeune homme de 21 ans meurt de la maladie de Creutzfeldt-Jakob après avoir suivi un traitement à l'hormone de croissance extractive dans les années 1970. L'autopsie est formelle: il y a un lien entre la MCJ et l'hormone.

Les registres de distribution ont été volés
Les autorités sanitaires américaines réagissent en interdisant le recours à des hormones d'origine humaine. Quant au laboratoire danois Kabi, il stoppe toute distribution et annonce la mise sur le marché d'une hormone biosynthétique, sans risque. Plusieurs pays (Suède, Finlande, Grèce, Belgique, Pays-Bas, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande) suivent l'exemple américain.

Côté français, Jean-Claude Job et Fernand Dray refusent le pragmatisme américain. Leur position est même confortée par Henri Cerceau et Jacques Dangoumau. Celui-ci, directeur de la Pharmacie et du médicament au ministère de la Santé, adresse, le 7 mai 1985, une note sans équivoque à l'association: «La qualité du système mis au point en France, la nature des produits utilisés, les garanties offertes par leur contrôle, la gravité du handicap traité justifiaient de ne pas interrompre le très remarquable travail réalisé par l'association France-Hypophyse en liaison avec la Pharmacie centrale et la Commission nationale de l'hormone de croissance.»

Le fonctionnaire fait-il preuve d'aveuglement? Veut-il juste éviter un scandale? Une certitude: vers la fin de 1985, certains médecins laissent entendre, mezza voce, que depuis trois ans plusieurs milliers d'ampoules provenant de lots contaminés ont été injectées à des patients, alors qu'elles auraient dû être rappelées.

Il faut pourtant attendre le 2 décembre 1991 pour que la justice entre enfin en jeu. Ce jour-là, un père de famille, Abdelassam Benziane, dépose plainte au nom de son fils de 15 ans, Yliassif. Traité, depuis le 3 janvier 1983, par l'hormone de croissance d'origine humaine, l'adolescent vit un calvaire depuis septembre 1989: il souffre de troubles neurologiques, de tremblements, de vertiges. Une semaine après le dépôt de la plainte, Yliassif s'éteint à Sannois (Val-d'Oise). Mais le processus judiciaire est enclenché. Il ne s'arrêtera pas.

La juge Marie-Odile Bertella-Geffroy instruit ce dossier. A bien des égards, il ressemble à celui du sang contaminé, dont elle est aussi chargée: même indifférence à l'égard des patients; même souci de rentabilité; même morgue de certains mandarins, persuadés de détenir la vérité.

La tâche de la magistrate s'annonce immense. Elle peine d'autant plus à reconstituer le cheminement des lots contaminés entre 1982 et 1986 (la période où le risque a été à son maximum) que les registres de distribution ont été volés! L'ordinateur où figurait le listing des ordonnances destinées aux malades a également disparu. En septembre 1998, Marie-Odile Bertella-Geffroy reçoit une lettre anonyme dans laquelle l'auteur indique que la destruction de pièces n'avait qu'un objectif: «Nuire à la bonne marche de l'enquête!»

Mais la juge s'obstine. Grâce aux expertises - accablantes - grâce aussi aux témoignages des victimes et des agents collecteurs d'hypophyses, elle reconstitue le puzzle de l'affaire et finit par mettre en examen plusieurs pontes du monde médical.

Au cours de l'instruction, ces derniers ont réfuté avoir commis la moindre faute ou négligence. Le Pr Job a souligné qu'il avait toujours cru à l'inocuité du traitement et que tout avait été entrepris pour sécuriser les prélèvements d'hypophyses. Une analyse partagée par Fernand Dray. Il reste à savoir s'ils maintiendront cette ligne de défense lors du procès.

Les petits profits de Fernand Dray
L'un des principaux prévenus du procès, Fernand Dray (ex-directeur de laboratoire à l'Institut Pasteur), devra notamment s'expliquer sur une rémunération perçue à l'occasion d'achats d'hormones en Belgique.
En 1985, l'Institut Pasteur et la société Techland - installée à Liège - décident de mettre leurs compétences en commun pour valoriser au maximum les hypophyses humaines dans le domaine de la biologie tant clinique que médicale. L'objectif est d'obtenir des hormones de grande qualité, destinées à être vendues dans le monde entier. Aux termes de cet accord, Pasteur perçoit une rémunération de 25% du chiffre d'affaires des ventes effectuées hors de France par Techland, tandis que cette dernière a droit à 25% des ventes effectuées par Pasteur sur le territoire national.
L'activité se révèle plutôt juteuse pour l'institut, qui engrange un bénéfice de plus de 7 millions de francs entre 1986 et 1992. Jusque-là, rien à dire. Sauf que la juge Bertella-Geffroy, au cours de son instruction, découvre une curieuse convention, passée - fort discrètement - le 30 mai 1986 entre Techland et Fernand Dray: selon cet accord, ce dernier se voit attribuer le titre de conseiller scientifique de... la société belge. A ce titre, il est rémunéré sur les ventes d'hypophyses. Entre mai 1986 et fin 1992, le biochimiste perçoit ainsi plus de 340 000 francs, déposés sur un compte ouvert à son nom dans une banque belge.
Interrogé par la juge sur la réalité du travail effectué par Dray, l'un des dirigeants de Techland lâchera: «[...] M. Dray n'a eu aucun rôle actif, ni fourni aucune prestation à Techland. Je ne vois pas de justificatif à l'intéressement financier de M. Dray aux ventes d'hormones de croissance par Techland à Pasteur.»
 
Le scandale de l'hormone de croissance responsable de la maladie d'Alzheimer ?
Trente ans après, les hormones de croissance contaminées pourraient avoir des conséquences totalement inattendues. En plus d'avoir favorisé l'apparition de la maladie de Creutzfeld Jacob chez les personnes traitées, elles pourraient avoir participé à l'émergence d'une forme précoce d'Alzheimer.

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http://www.francetvinfo.fr/sports/f...quee-par-le-choc-belgique-italie_1496687.html

http://www.francetvinfo.fr/sports/f...ion-pour-eviter-les-debordements_1497629.html
Dans les années 80, le scandale des hormones de croissance avait fait grand bruit, entraînant la contamination de centaines d'enfants. Parmi eux, 200 sont décédés après avoir contracté Creutzfeldt-Jacob, une maladie neurodégénérative gravissime causée par une forme toxique de protéine, le prion. En cause : l'hormone de croissance injectée, prélevée sur le cerveau de cadavres eux-mêmes contaminés par ces prions anormaux. Si le lien est établi depuis des décennies entre Creutzfeldt-Jacob et ces hormones de croissance, elles pourraient aussi avoir engendré un effet surprenant : le développement de la maladie d'Alzheimer 30 ans plus tard.

Selon une équipe de recherche londonienne, dont les travaux sont publiés le 9 septembre 2015, dans la revue Nature, les préparations d'hormones de croissance étaient non seulement contaminées par des prions, mais aussi par des "graines" de peptide beta-amyloïde. Or, ces protéines beta-amyloïdes, lorsqu'elles sont présentes en excès dans le cerveau, sont l'une des causes principales de la maladie d'Alzheimer !

En autopsiant huit victimes de cette erreur médicale, les chercheurs ont observé des lésions cérébrales symptomatiques de la maladie d'Alzheimer sur six d'entres elles. Une découverte rarissime car ces patients étaient très jeunes, âgés de moins de 51 ans.

Pour les chercheurs, les graines de protéines amyloïdes toxiques se seraient lentement développées dans leurs cerveaux, pendant trente ans d'incubation. Cependant, le doute subsiste… Premièrement, aucun des cobayes n'a montré de son vivant les signes cliniques d'Alzheimer, dont le plus connu est la perte de mémoire. Deuxièmement, sur aucun des cerveaux les chercheurs n'ont retrouvé un des autres indices marquants de la maladie : l'accumulation de protéines tau (voir encadré).

Autre biais : les chercheurs n'ont pu analyser les extraits d'hormones contaminées, datant de trente ans et difficilement retrouvables. Impossible donc de savoir s'ils contenaient réellement des grains de protéines amyloïdes.

Une forme de transmission de la maladie d'Alzheimer...
Alzheimer, une maladie contagieuse ? Pas vraiment... Car la découverte est bien plus complexe… La maladie ne se transmet pas comme un simple virus de la grippe. Pour qu'il y ait "contagion", comme observé dans l'étude, il faut qu'il y ait transmission des protéines beta-amyloïdes. Un passage qui ne peut se faire, pour résumer, que de cerveau à cerveau, via des procédures médicales par exemple.

Par ailleurs, les conditions de ces observations restent extrêmement inhabituelles et ne se retrouvent plus actuellement. Depuis 1988, suite au scandale, les hormones de croissance ne sont plus prélevées sur les hypophyses de cadavres, mais synthétisées artificiellement en laboratoire. Aucune inquiétude à avoir pour l'avenir donc… Dans les années 70 et 80, 30.000 personnes avaient été contaminées par l'hormone, principalement en France, où 119 enfants sont décédés, en Angleterre et aux Etats Unis.

La propagation des protéines amyloïdes en jeu
Pour l'heure, l'étude a tout de même l'avantage de confirmer l'hypothèse d'une transmission de l'amylose (propagation des plaques amyloïdes dans le cerveau). De récents travaux sur la souris, publiés également dans Nature, révèlent que ces protéines peuvent se réveiller des années après dans le cerveau pour causer la maladie d'Alzheimer.

Ce n'est pas la première fois que la communauté scientifique montre que certaines maladies neurodégénératives peuvent être contagieuses. En 2015, une étude avait déjà observé que les prions pouvaient être transmis… par des pratiques cannibales !

En attendant la confirmation de cette étude sur un plus grand nombre de patients, les chercheurs rappellent que les principaux facteurs pour la maladie d'Alzheimer restent l'âge, la génétique et le mode de vie.

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Source : Evidence for human transmission of amyloid-β pathology and cerebral amyloid angiopathy. Z. Jaunmuktane et al. Nature, septembre 20
 
Affaire de l’hormone de croissance : relaxe des deux
derniers prévenus en vie

C’est l’épilogue d’un scandale sanitaire qui a éclaté en 1991 et de l’une des procédures les plus longues jamais traitées par la justice française. Après vingt-quatre ans, deux procès et une relaxe générale, la cour d’appel de Paris a relaxé au civil, lundi 25 janvier, le professeur Fernand Dray et l’ancienne pédiatre Elisabeth Mugnier, les deux derniers prévenus en vie dans l’affaire dite de « l’hormone de croissance ».
De fait, en considérant que les deux prévenus ont certes commis des fautes « d’imprudence et de négligence », mais dans le cadre de leur mission professionnelle, c’est-à-dire sans que leur responsabilité civile soit engagée, la cour d’appel écarte la possibilité pour les victimes d’être indemnisées.

  • Un traitement à base d’hormones contaminées
Entre 1983 et 1985, 1 698 enfants en insuffisance hormonale ont reçu un traitement destiné à favoriser leur croissance. Il avait été élaboré à partir des hypophyses – une glande située dans le cerveau – prélevées sur des cadavres dont certains étaient infectés par la maladie neurologique de Creutzfeldt-Jakob.

Cent vingt patients sont morts au terme de longues souffrances. D’autres restent aujourd’hui sous la menace de développer la maladie, le temps d’incubation pouvant dépasser trente ans.

  • Déjà deux procès et une relaxe générale
En 1991, une première information judiciaire avait été ouverte à la suite de la plainte de parents d’un enfant atteint de la maladie de Creutzfeldt-Jakob après des injections. Une demi-douzaine de personnalités du monde médical ont été poursuivies. Deux procès ont eu lieu, en 2008 puis en 2010, qui n’ont pas permis de désigner des coupables. Une relaxe générale avait alors été prononcée, provoquant la colère des familles.

Lors des deux premiers procès, les débats portaient notamment sur l’état des connaissances scientifiques à l’époque. Le professeur Dray, 93 ans aujourd’hui, ancien dirigeant du laboratoire Uria, rattaché à l’Institut Pasteur, était chargé d’élaborer la poudre d’hypophyse. La justice avait conclu qu’on ne pouvait reprocher au professeur de ne pas avoir eu « l’intuition d’un risque de contamination », qu’aucun professionnel n’avait alors prévu.

La pédiatre Elisabeth Mugnier, âgée de 66 ans, assurait à l’époque la collecte des hypophyses sur des cadavres pour le compte de l’association France hypophyse. Elle avait, elle, été considérée comme un « collecteur » n’ayant pas de responsabilité dans l’organisation des prélèvements.

  • Un « naufrage » judiciaire
Les parties civiles avaient toutefois fait appel après cassation partielle d’un arrêt de la cour d’appel, pour le « préjudice irrémédiable » subi. Elles réclamaient un montant total d’environ 10 millions d’euros, notamment au nom du « préjudice d’anxiété ». Une demande qui leur a donc été refusée par la justice.

Me Bernard Fau, s’exprimant au nom des vingt et une parties civiles a dénoncé un « naufrage » et l’« incapacité de la justice française à appréhender ce type de grand scandale sanitaire ». « Il n’y a aucune logique [dans la décision de lundi], aucune », a-t-il conclu.

La défense a dénoncé un acharnement contre les deux seules personnes auxquelles la justice demandait encore des comptes alors que la plupart des protagonistes du drame sont morts.


En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/police-justic...ance_4853122_1653578.html#6s7CTGEYLVCp7ldh.99
 
Ça confirme ce que je disais sur la soit disant probabilité que les bodybuilders des années arnold aient pu utiliser de la gh extraite de cadavres. [emoji57] Merci pour l'article DIVER

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