TheBlade
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Un article sur un jeune de 20ans mort a cause du DNP, ses parents témoignent, si ça peut freiner d’autres jeune a en prendre, car ses derniers temps on dirait que c’est a la mode…
Par Solenne Durox, correspondante à Rennes (Ille-et-Vilaine)
Le 2 mars 2021 à 13h42, modifié le 3 mars 2021 à 06h21
La photo encadrée de Matteo tout souriant est la seule qui recouvre les murs blancs de cet appartement rennais. Cela fait un an qu'il a quitté les siens. « On a dépassé le traumatisme, on est maintenant dans le manque absolu », confie Pascaline sa mère. Etudiant dans une école de commerce, Matteo n'avait que 20 ans. Décédé aux urgences du CHU de Rennes le 4 janvier 2020 à 9 heures du matin, il avait appelé le Samu quelques heures avant et avait signalé qu'il avait pris du DNP, une substance chimique utilisée illicitement comme produit de régime pour perdre rapidement des kilos. « On nous a appelés alors que nous étions en vacances à 650 kilomètres de là en nous disant qu'il était dans un état grave. J'ai tout de suite senti qu'il était mort », se rappelle Pascaline.
Sur le chemin vers l'hôpital, elle a épluché les sites Internet pour voir ce qu'était le DNP. Historiquement, ce produit a d'abord été utilisé comme teinture, conservateur, herbicide ou encore explosif avant qu'on découvre par hasard dans les années 1930, ses effets sur la perte de poids. Ce poison métabolique brûle les calories en forçant les cellules à produire énormément de chaleur. Son usage chez l'homme a rapidement été interdit en raison de sa toxicité aiguë et des nombreux décès associés.
Les explications sur ce site anglo-saxon sont claires. Le produit est utilisé comme pesticide ou engrais... Il n’est pas prévu pour la consommation par l’homme./LP/Solenne Durox
Le DNP est réapparu à la faveur du développement de la vente en ligne et circule dans le domaine du bodybuilding mais pas seulement. Les accros à la minceur y ont aussi recours. Interpol avait lancé une alerte mondiale en 2015. « Matteo avait abandonné le basket pour faire de la musculation en 2019. On a découvert qu'il s'était fourni la première fois dans une salle de sport puis directement sur Internet », explique Pascaline. Elle savait que son fils prenait des protéines mais ignorait tout de ses pratiques dopantes. « C'était pas le genre à s'enduire d'huile pour montrer ses muscles ».
Toute la famille était inquiète car, depuis quelques mois, Matteo qui ne buvait et ne fumait pas, rencontrait des problèmes de santé : accélération du rythme cardiaque, essoufflement, hyper sudation, problème de thyroïde, début de diabète, insomnie… Il buvait jusqu'à 6 litres d'eau par jour ! « L'été 2019, il m'avait appelé en pleine nuit, il vomissait et on l'avait emmené aux urgences d'une clinique. Il avait expliqué aux médecins qu'il prenait du DNP mais ne voulait pas qu'on soit au courant. Peut-être avait-il peur de nous décevoir », se demande Michel, son père. Après des examens et trois jours d'hospitalisation, il était ressorti en pleine forme jusqu'à ce que les symptômes réapparaissent quelques semaines plus tard. Il consultait la médecin de la famille qui était également au courant pour le DNP.
« Elle multipliait les bilans de santé, les échographies, radiographies et nous disait que tout était sous contrôle. Aucun médecin n'a tiré la sonnette d'alarme », se désespère Pascaline. Le dernier passage aux urgences lui a été fatal. Son corps était tellement rigidifié qu'il a été impossible de lui prodiguer un massage cardiaque ou de l'intuber. Une enquête a été ouverte et l'autopsie a confirmé l'implication du DNP. En perquisitionnant son studio, la police a retrouvé un sachet de gélules de DNP qui contenait une poudre jaune à l'intérieur. Le jeune homme était au début d'une nouvelle cure de sèche pour perdre de la masse graisseuse. Les enquêteurs sont remontés jusqu'à la salle de sport et à un site Internet hébergé au Panama. Ils ont réussi à le faire fermer avant qu'il ne rouvre sous un autre nom trois semaines plus tard.
Les forums de musculation regorgent de témoignages édifiants et effrayants. « Il faut clairement se préparer à passer des jours et des nuits entières devant le ventilateur, ne pas dormir de la nuit, changer ses draps 54 864 fois, passer sa vie à poil, les fenêtres ouvertes même à 3 degrés, prendre 20 douches froides desquelles vous allez sortir en transpirant (…) et plus globalement se croire dans l'antre de Satan. Ce n'est pas simplement avoir chaud. C'est crever de chaud », lit-on dans un post daté de 2017. Une étude menée par le CNRS et l'Université de Strasbourg publiée en novembre dernier dans la revue Comparative Biochemistry and Physiology montre une réduction de 20 % de l'espérance de vie d'oiseaux traités au DNP.
« Une fois que le DNP est actif dans l'organisme, on n'a aucun moyen de l'arrêter. Il n'y a pas d'antidote. Une dose chez quelqu'un n'entraîne pas les mêmes effets chez un autre », observe le Dr Alain Baert, spécialiste en médecine légale et en toxicologie au CHU de Rennes. Selon lui, le cas de Matteo « est la partie émergée de l'iceberg », et s'inscrit dans une tendance croissante de pratiques de construction et façonnement du corps. En parlant autour d'eux du drame qui les a touchés, les proches de Mattéo ont en effet découvert que la substance était connue des plus jeunes et que des personnes de leur entourage éloigné en avaient pris ou envisageaient d'en prendre. On compte des morts à l'étranger ces dernières années. Entre 2007 et 2020, le National Poisons Information Service (NPIS) du Royaume-Uni a enregistré 140 cas d'intoxications et 32 décès.
Les signalements sont aussi nombreux aux Etats-Unis et en Australie. Ce qui a conduit l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à demander au dernier trimestre 2020 des informations aux centres antipoison de plusieurs pays afin de mesurer l'ampleur du phénomène. Nous sommes en mesure de révéler que 12 intoxications et 3 décès (dont 2 l'an dernier) ont été dénombrés en France depuis 2010, surtout chez des vingtenaires. Une revue de cas non exhaustive.
Afin de faire de la prévention auprès des consommateurs potentiels et des médecins, la famille de Matteo envisage de créer une association. Pascaline et Michel en sont persuadés, s'ils réussissent à sauver même une seule personne, ils auront donné un sens à la mort de leur fils.
Selon nos informations, un Rennais de 20 ans est décédé après la prise de Dinitrophenol (DNP), un brûle-graisse interdit à la vente. Constatant une augmentation des intoxications et décès, l’OMS veut évaluer l’ampleur du phénomène.
Par Solenne Durox, correspondante à Rennes (Ille-et-Vilaine)
Le 2 mars 2021 à 13h42, modifié le 3 mars 2021 à 06h21
La photo encadrée de Matteo tout souriant est la seule qui recouvre les murs blancs de cet appartement rennais. Cela fait un an qu'il a quitté les siens. « On a dépassé le traumatisme, on est maintenant dans le manque absolu », confie Pascaline sa mère. Etudiant dans une école de commerce, Matteo n'avait que 20 ans. Décédé aux urgences du CHU de Rennes le 4 janvier 2020 à 9 heures du matin, il avait appelé le Samu quelques heures avant et avait signalé qu'il avait pris du DNP, une substance chimique utilisée illicitement comme produit de régime pour perdre rapidement des kilos. « On nous a appelés alors que nous étions en vacances à 650 kilomètres de là en nous disant qu'il était dans un état grave. J'ai tout de suite senti qu'il était mort », se rappelle Pascaline.
Sur le chemin vers l'hôpital, elle a épluché les sites Internet pour voir ce qu'était le DNP. Historiquement, ce produit a d'abord été utilisé comme teinture, conservateur, herbicide ou encore explosif avant qu'on découvre par hasard dans les années 1930, ses effets sur la perte de poids. Ce poison métabolique brûle les calories en forçant les cellules à produire énormément de chaleur. Son usage chez l'homme a rapidement été interdit en raison de sa toxicité aiguë et des nombreux décès associés.
Les explications sur ce site anglo-saxon sont claires. Le produit est utilisé comme pesticide ou engrais... Il n’est pas prévu pour la consommation par l’homme./LP/Solenne Durox
Le DNP est réapparu à la faveur du développement de la vente en ligne et circule dans le domaine du bodybuilding mais pas seulement. Les accros à la minceur y ont aussi recours. Interpol avait lancé une alerte mondiale en 2015. « Matteo avait abandonné le basket pour faire de la musculation en 2019. On a découvert qu'il s'était fourni la première fois dans une salle de sport puis directement sur Internet », explique Pascaline. Elle savait que son fils prenait des protéines mais ignorait tout de ses pratiques dopantes. « C'était pas le genre à s'enduire d'huile pour montrer ses muscles ».
«Aucun médecin n'a tiré la sonnette d'alarme»
Toute la famille était inquiète car, depuis quelques mois, Matteo qui ne buvait et ne fumait pas, rencontrait des problèmes de santé : accélération du rythme cardiaque, essoufflement, hyper sudation, problème de thyroïde, début de diabète, insomnie… Il buvait jusqu'à 6 litres d'eau par jour ! « L'été 2019, il m'avait appelé en pleine nuit, il vomissait et on l'avait emmené aux urgences d'une clinique. Il avait expliqué aux médecins qu'il prenait du DNP mais ne voulait pas qu'on soit au courant. Peut-être avait-il peur de nous décevoir », se demande Michel, son père. Après des examens et trois jours d'hospitalisation, il était ressorti en pleine forme jusqu'à ce que les symptômes réapparaissent quelques semaines plus tard. Il consultait la médecin de la famille qui était également au courant pour le DNP.
« Elle multipliait les bilans de santé, les échographies, radiographies et nous disait que tout était sous contrôle. Aucun médecin n'a tiré la sonnette d'alarme », se désespère Pascaline. Le dernier passage aux urgences lui a été fatal. Son corps était tellement rigidifié qu'il a été impossible de lui prodiguer un massage cardiaque ou de l'intuber. Une enquête a été ouverte et l'autopsie a confirmé l'implication du DNP. En perquisitionnant son studio, la police a retrouvé un sachet de gélules de DNP qui contenait une poudre jaune à l'intérieur. Le jeune homme était au début d'une nouvelle cure de sèche pour perdre de la masse graisseuse. Les enquêteurs sont remontés jusqu'à la salle de sport et à un site Internet hébergé au Panama. Ils ont réussi à le faire fermer avant qu'il ne rouvre sous un autre nom trois semaines plus tard.
«Une fois le DNP est actif dans l'organisme, on n'a aucun moyen de l'arrêter»
Le DNP est réapparu à la faveur du développement de la vente en ligne et circule dans le domaine du bodybuilding mais pas seulement./LP/Solenne DuroxLes forums de musculation regorgent de témoignages édifiants et effrayants. « Il faut clairement se préparer à passer des jours et des nuits entières devant le ventilateur, ne pas dormir de la nuit, changer ses draps 54 864 fois, passer sa vie à poil, les fenêtres ouvertes même à 3 degrés, prendre 20 douches froides desquelles vous allez sortir en transpirant (…) et plus globalement se croire dans l'antre de Satan. Ce n'est pas simplement avoir chaud. C'est crever de chaud », lit-on dans un post daté de 2017. Une étude menée par le CNRS et l'Université de Strasbourg publiée en novembre dernier dans la revue Comparative Biochemistry and Physiology montre une réduction de 20 % de l'espérance de vie d'oiseaux traités au DNP.
« Une fois que le DNP est actif dans l'organisme, on n'a aucun moyen de l'arrêter. Il n'y a pas d'antidote. Une dose chez quelqu'un n'entraîne pas les mêmes effets chez un autre », observe le Dr Alain Baert, spécialiste en médecine légale et en toxicologie au CHU de Rennes. Selon lui, le cas de Matteo « est la partie émergée de l'iceberg », et s'inscrit dans une tendance croissante de pratiques de construction et façonnement du corps. En parlant autour d'eux du drame qui les a touchés, les proches de Mattéo ont en effet découvert que la substance était connue des plus jeunes et que des personnes de leur entourage éloigné en avaient pris ou envisageaient d'en prendre. On compte des morts à l'étranger ces dernières années. Entre 2007 et 2020, le National Poisons Information Service (NPIS) du Royaume-Uni a enregistré 140 cas d'intoxications et 32 décès.
Les signalements sont aussi nombreux aux Etats-Unis et en Australie. Ce qui a conduit l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à demander au dernier trimestre 2020 des informations aux centres antipoison de plusieurs pays afin de mesurer l'ampleur du phénomène. Nous sommes en mesure de révéler que 12 intoxications et 3 décès (dont 2 l'an dernier) ont été dénombrés en France depuis 2010, surtout chez des vingtenaires. Une revue de cas non exhaustive.
Afin de faire de la prévention auprès des consommateurs potentiels et des médecins, la famille de Matteo envisage de créer une association. Pascaline et Michel en sont persuadés, s'ils réussissent à sauver même une seule personne, ils auront donné un sens à la mort de leur fils.
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