H
havah
Guest
Salut,
Toujours dans une optique de prévention et parce qu'on a vu quelques exemples sur le forum récemment, je me permet de vous faire un petit topo à chaud sur les drogues (qu'elles soit dûes à un produit ou à un comportement) et leur impact sur le cerveau, notamment sur les modifications qu'elles induisent, qui font que en réalité les phrases comme "j'ai beaucoup réfléchi" sont caduques quand on s'attaque à des produits comme les AAS, plus particulièrement encore en tant qu'immature sur le plan cérébral, c'est à dire moins de 25 ans.
L'idée n'est pas de taper sur les doigts de qui que ce soit et chacun est libre de faire ce qu'il veut sans un quelconque jugement de ma part. L'objectif c'est de donner aux 10% d'entre nous qui vont dériver dans l'addiction au AAS des informations plus concrètes et de se dégager un peu de cette histoire de volonté qui n'a pas ici pas sa place.
La pierre angulaire c'est que les AAS modifient de façon rapide et durable le fonctionnement cérébral, en influant sur virtuellement tous les neurotransmetteurs possibles, donc on fait ici du simplifié.
En tant normal il y a un équilibre entre le circuit de la récompense, de la motivation, de la mémoire et des habitudes, le tout étant soumis au contrôle cortical. La décision d'entreprendre une action tient compte de l'importance de la motivation pour un objet donné, au souvenir qu'il a procuré, et dépend ultimement du contrôle cortical.
Tout ce circuit de décision est altéré lors de la prise d'AAS.
Ca ne concerne pas tout le monde, il est évidemment possible d'utiliser les AAS sans aucune addiction, mais pour ceux d'entre nous qui se sentent un peu attiré je pense que c'est important de savoir l'impact réel des AAS avant de prendre des décisions sans retour en arrière possible (le bridge, la seconde cure à la tren et la GH, l'insu, j'en passe)
4 mécanismes importants, il y en a évidemment d'autres
La sensibilisation motivationnelle:
Concerne les voies dopaminergiques meso corticales et méso limbiques (en jaune et bleu)
Toutes les récompenses qu'elles soient naturelles ou des produits addictogènes augmentent la dopamine dans les synapses de ces 2 circuits.
La dopamine augmente quand on vous promet un billet de 100 sans vous le donner (il y a dur plaisir dans l'attente même), elle augmente encore quand on vous le donne, et elle revient à zéro lors de l'obtention de la récompense. Elle diminue s'il y a eu un signal annonciateur d'une récompense sans que la recompense soit obtenue et entraine alors une sensation de malaise.
Plus la récompense est grande, plus il y a sécrétion de dopamine, plus l'activité qui a permis cette sécrétion de dopamine sera mise en mémoire et facilement proposée dans le panne d'activité de l'individu.
Dans le cas d'une drogue, la libération de dopamine est beaucoup plus importante en terme de quantité et de durée que n'importe quelle activité "normale", les AAS potentialisent la libération de dopamine obtenue lors d'un effort physique, d'où l'impression entre autre de faire des trainings de fou sous AAS (au delà du simple effet de congestion).
Le fait que dopamine soit énormément libéré est une des raisons qui font que la consommation d'AAS va très vite pirater le circuit de récompense et attirer l'attention du cerveau sur le produit, en accroitre artificiellement leur intérêt et donc leur recherche et leur consommation.
L'allostasie hédonique:
Lors de la consommation continue d'AAS (d'où un intérêt des cycles cours), le circuit de la récompense lutte pour lutter contre ce surplus de dopamine dans son circuit, en diminuant le nombre de récepteurs à la dopamine.
Moins de récepteurs = moins de signal = le cerveau cherche à se rapprocher de son état basal.
Cette diminution de récepteurs a pour direct impact la diminution des autres plaisirs "naturels" et socialisants qui sont eux aussi liés au signal de dopamine, mais qui entrainent une décharge beaucoup moins importante, et donc vont être progressivement mis de côté dans le panel des comportements de l'individu
L'état de base du cerveau devient celui sous AAS avec de la dopamine à tire larigot, et c'est ce qui entraine le mal être lors de l'arrêt des AAS. Les AAS qui étaient au début consommés pour leur effet bénéfiques le deviennent rapidement pour éviter d'être dans cet état de mal être.
L'apprentissage des habitudes:
Concerne les voies glutamatergiques, au niveau du striatum.
En gros lors de l'apprentissage d'un nouveau comportement complexe, le fait de décider de le reproduire (genre je gueule sur ma nana, je me prends une baffe, donc la prochaine fois j'essaie de me maitriser) est décidé par le cortex préfrontal.
Les comportements automatiques (j'ai envie de pisser il me faut des chiottes ou je dois aller là-bas je me mets à marcher) sont régulés par des zones sous-corticales, ici la partie dorsale du striatum.
Très rapidement la décision de continuer ou d'arrêter les AAS ne va plus être prise par le cortex préfrontal, c'est à dire le cortex qui fait de l'homme un animal évolué capable de prendre en compte le pour et le contre avant de prendre une décision, mais par la zone sous-cortical du striatum, c'est à dire une zone qui est obnubilée par les récompenses immédiates, incapable de prendre en compte les conséquences à long terme.
Le déficit de contrôle inhibiteur:
Comme déjà dit c'est le cortex préfrontal qui de façon ultime décide ou non d'entreprendre une action ou de prendre telle décision.
Son activité est directement liée au nombre de récepteurs à la dopamine dans ses circuits. Donc chez le patient addict utilisateur d'AAS, le cortex préfrontal fonctionne mal, et est incapable d'assumer son rôle d'inhibition.
C'est ce cortex là qui fait que vous ne tapez pas sur quelqu'un chaque fois que vous êtes énervé, c'est son hypoactivité qui est à l'origine de la plus grand agressivité sous AAS, et c'est aussi son hypoactivité qui fait que vous n'avez plus la petite voie qui vous dit "attention, les risques dépassent les enjeux, je m'arrête là et je remet la même dans 3 mois".
Cette zone cérébrale est la dernière à arriver à maturation, chez l'adulte de moins de 25 ans tout comme chez l'adolescent il y a un goût pour le risque plus prononcé et des prises de décisions qui sont portées sur les récompenses immédiates indépendamment des conséquences.
C'est ça qui fait que les AAS chez le jeune de 20 ans, c'est pas l'idée du siècle non plus.
Je me permets de coller les critères du DSM 5 (qui valent ce qu'ils valent) sur l'addiction:
1. Le produit est souvent pris en quantité plus importante ou pendant une période plus prolongée que prévu
2. Il existe un désir persistant ou des efforts infructueux, pour diminuer ou contrôler l’utilisation du produit
3. Beaucoup de temps est passé à des activités nécessaires pour obtenir le produit, utiliser le produit ou récupérer de leurs effets
4. Craving ou une envie intense de consommer le produit
5. Utilisation répétée du produit conduisant à l’incapacité de remplir des obligations majeures, au travail, à l’école ou à la maison
6. Utilisation du produit malgré des problèmes interpersonnels ou sociaux, persistants ou récurrents, causés ou exacerbés par les effets du produit
7. Des activités sociales, occupationnelles ou récréatives importantes sont abandonnées ou réduites à cause de l’utilisation du produit
8. Utilisation répétée du produit dans des situations ou cela peut être physiquement dangereux
9. L’utilisation du produit est poursuivie bien que la personne sache avoir un problème psychologique ou physique persistant ou récurrent susceptible d’avoir été causé ou exacerbé par cette substance
10. Tolérance, définie par l’un des symptômes suivants :
a. besoin de quantités notablement plus fortes du produit pour obtenir une intoxication ou l’effet désiré
b. effet notablement diminué en cas d’utilisation continue d’une même quantité du produit
11. Sevrage, caractérisé par l’une ou l’autre des manifestations suivantes :
a. syndrome de sevrage du produit caractérisé (cf diagnostic du syndrome de sevrage du produit)
b. le produit (ou une substance proche) sont pris pour soulager ou éviter les symptômes de sevrage.
J'espère que ça en a intéressé quelques un!
Toujours dans une optique de prévention et parce qu'on a vu quelques exemples sur le forum récemment, je me permet de vous faire un petit topo à chaud sur les drogues (qu'elles soit dûes à un produit ou à un comportement) et leur impact sur le cerveau, notamment sur les modifications qu'elles induisent, qui font que en réalité les phrases comme "j'ai beaucoup réfléchi" sont caduques quand on s'attaque à des produits comme les AAS, plus particulièrement encore en tant qu'immature sur le plan cérébral, c'est à dire moins de 25 ans.
L'idée n'est pas de taper sur les doigts de qui que ce soit et chacun est libre de faire ce qu'il veut sans un quelconque jugement de ma part. L'objectif c'est de donner aux 10% d'entre nous qui vont dériver dans l'addiction au AAS des informations plus concrètes et de se dégager un peu de cette histoire de volonté qui n'a pas ici pas sa place.
La pierre angulaire c'est que les AAS modifient de façon rapide et durable le fonctionnement cérébral, en influant sur virtuellement tous les neurotransmetteurs possibles, donc on fait ici du simplifié.
En tant normal il y a un équilibre entre le circuit de la récompense, de la motivation, de la mémoire et des habitudes, le tout étant soumis au contrôle cortical. La décision d'entreprendre une action tient compte de l'importance de la motivation pour un objet donné, au souvenir qu'il a procuré, et dépend ultimement du contrôle cortical.
Tout ce circuit de décision est altéré lors de la prise d'AAS.
Ca ne concerne pas tout le monde, il est évidemment possible d'utiliser les AAS sans aucune addiction, mais pour ceux d'entre nous qui se sentent un peu attiré je pense que c'est important de savoir l'impact réel des AAS avant de prendre des décisions sans retour en arrière possible (le bridge, la seconde cure à la tren et la GH, l'insu, j'en passe)
4 mécanismes importants, il y en a évidemment d'autres
La sensibilisation motivationnelle:
Concerne les voies dopaminergiques meso corticales et méso limbiques (en jaune et bleu)
Toutes les récompenses qu'elles soient naturelles ou des produits addictogènes augmentent la dopamine dans les synapses de ces 2 circuits.
La dopamine augmente quand on vous promet un billet de 100 sans vous le donner (il y a dur plaisir dans l'attente même), elle augmente encore quand on vous le donne, et elle revient à zéro lors de l'obtention de la récompense. Elle diminue s'il y a eu un signal annonciateur d'une récompense sans que la recompense soit obtenue et entraine alors une sensation de malaise.
Plus la récompense est grande, plus il y a sécrétion de dopamine, plus l'activité qui a permis cette sécrétion de dopamine sera mise en mémoire et facilement proposée dans le panne d'activité de l'individu.
Dans le cas d'une drogue, la libération de dopamine est beaucoup plus importante en terme de quantité et de durée que n'importe quelle activité "normale", les AAS potentialisent la libération de dopamine obtenue lors d'un effort physique, d'où l'impression entre autre de faire des trainings de fou sous AAS (au delà du simple effet de congestion).
Le fait que dopamine soit énormément libéré est une des raisons qui font que la consommation d'AAS va très vite pirater le circuit de récompense et attirer l'attention du cerveau sur le produit, en accroitre artificiellement leur intérêt et donc leur recherche et leur consommation.
L'allostasie hédonique:
Lors de la consommation continue d'AAS (d'où un intérêt des cycles cours), le circuit de la récompense lutte pour lutter contre ce surplus de dopamine dans son circuit, en diminuant le nombre de récepteurs à la dopamine.
Moins de récepteurs = moins de signal = le cerveau cherche à se rapprocher de son état basal.
Cette diminution de récepteurs a pour direct impact la diminution des autres plaisirs "naturels" et socialisants qui sont eux aussi liés au signal de dopamine, mais qui entrainent une décharge beaucoup moins importante, et donc vont être progressivement mis de côté dans le panel des comportements de l'individu
L'état de base du cerveau devient celui sous AAS avec de la dopamine à tire larigot, et c'est ce qui entraine le mal être lors de l'arrêt des AAS. Les AAS qui étaient au début consommés pour leur effet bénéfiques le deviennent rapidement pour éviter d'être dans cet état de mal être.
L'apprentissage des habitudes:
Concerne les voies glutamatergiques, au niveau du striatum.
En gros lors de l'apprentissage d'un nouveau comportement complexe, le fait de décider de le reproduire (genre je gueule sur ma nana, je me prends une baffe, donc la prochaine fois j'essaie de me maitriser) est décidé par le cortex préfrontal.
Les comportements automatiques (j'ai envie de pisser il me faut des chiottes ou je dois aller là-bas je me mets à marcher) sont régulés par des zones sous-corticales, ici la partie dorsale du striatum.
Très rapidement la décision de continuer ou d'arrêter les AAS ne va plus être prise par le cortex préfrontal, c'est à dire le cortex qui fait de l'homme un animal évolué capable de prendre en compte le pour et le contre avant de prendre une décision, mais par la zone sous-cortical du striatum, c'est à dire une zone qui est obnubilée par les récompenses immédiates, incapable de prendre en compte les conséquences à long terme.
Le déficit de contrôle inhibiteur:
Comme déjà dit c'est le cortex préfrontal qui de façon ultime décide ou non d'entreprendre une action ou de prendre telle décision.
Son activité est directement liée au nombre de récepteurs à la dopamine dans ses circuits. Donc chez le patient addict utilisateur d'AAS, le cortex préfrontal fonctionne mal, et est incapable d'assumer son rôle d'inhibition.
C'est ce cortex là qui fait que vous ne tapez pas sur quelqu'un chaque fois que vous êtes énervé, c'est son hypoactivité qui est à l'origine de la plus grand agressivité sous AAS, et c'est aussi son hypoactivité qui fait que vous n'avez plus la petite voie qui vous dit "attention, les risques dépassent les enjeux, je m'arrête là et je remet la même dans 3 mois".
Cette zone cérébrale est la dernière à arriver à maturation, chez l'adulte de moins de 25 ans tout comme chez l'adolescent il y a un goût pour le risque plus prononcé et des prises de décisions qui sont portées sur les récompenses immédiates indépendamment des conséquences.
C'est ça qui fait que les AAS chez le jeune de 20 ans, c'est pas l'idée du siècle non plus.
Je me permets de coller les critères du DSM 5 (qui valent ce qu'ils valent) sur l'addiction:
1. Le produit est souvent pris en quantité plus importante ou pendant une période plus prolongée que prévu
2. Il existe un désir persistant ou des efforts infructueux, pour diminuer ou contrôler l’utilisation du produit
3. Beaucoup de temps est passé à des activités nécessaires pour obtenir le produit, utiliser le produit ou récupérer de leurs effets
4. Craving ou une envie intense de consommer le produit
5. Utilisation répétée du produit conduisant à l’incapacité de remplir des obligations majeures, au travail, à l’école ou à la maison
6. Utilisation du produit malgré des problèmes interpersonnels ou sociaux, persistants ou récurrents, causés ou exacerbés par les effets du produit
7. Des activités sociales, occupationnelles ou récréatives importantes sont abandonnées ou réduites à cause de l’utilisation du produit
8. Utilisation répétée du produit dans des situations ou cela peut être physiquement dangereux
9. L’utilisation du produit est poursuivie bien que la personne sache avoir un problème psychologique ou physique persistant ou récurrent susceptible d’avoir été causé ou exacerbé par cette substance
10. Tolérance, définie par l’un des symptômes suivants :
a. besoin de quantités notablement plus fortes du produit pour obtenir une intoxication ou l’effet désiré
b. effet notablement diminué en cas d’utilisation continue d’une même quantité du produit
11. Sevrage, caractérisé par l’une ou l’autre des manifestations suivantes :
a. syndrome de sevrage du produit caractérisé (cf diagnostic du syndrome de sevrage du produit)
b. le produit (ou une substance proche) sont pris pour soulager ou éviter les symptômes de sevrage.
J'espère que ça en a intéressé quelques un!
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